Session
Dans les griffes du loup
Ces temps-ci...
- ... j'écoute en boucle :un peu de tout
- ... je lis le soir :le troisième tome du Trône de fer
- ... j'aime boire :un pastis bien frais
Rayonnages
Brouhaha
- Ookami : Je reviens bientôt... ;)
Bonne nuit à toi aussi wolf. ^^ - Bibasse : konban wa. ca a l'air sympa içi. je repasserais, car ma bougie s'éteint
- Ookami : Merci Bibasse ! Au plaisir de te revoir... ^^
- Vendredi : Bonjour, Ookami !
- myel : Juste un bonjour en passant ici à la recherche de nouvelles lectures... Et des bisous avec :)
- Ookami : Encore faudrait-il que j'arrive à produire de nouvelles écritures... Merci pour ton passage et pour les bisous ^^
- myel : Joyeux Noël Ookami, et des bisous comme cadeau :)
- Vendredi : Tu manques, Ookami ! Bisous et bonne année à toi :)
- Vendredi : 05/06/06: Ookami! T'es passé où?
- myel : Euh bon début d'été :)
Bons voisins
« Ô privilège du génie ! Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. » Sacha Guitry
3:05:12 AM
Il fixait l’écran d’un regard vide depuis maintenant un bon quart d’heure. D’autres avaient déjà tout écrit. Et même. S’il avait eu l’idée du Nom de la Rose avant Umberto Eco, comment aurait-il bien pu l’assumer ? Dès qu’il s’agissait de remplir une page, il se perdait dans les subjonctifs, mettait trop d’adverbes, allongeait ses phrases, ne trouvait pas les bons mots…
Malgré cela, il écrivait. Mais dès qu’une nouvelle commençait à prendre tournure, quand l’intrigue apparaissait et les personnages se dessinaient, il arrêtait tout. Si la suite n’était pas à la hauteur du début ? S’il venait à tout gâcher ? Alors il rangeait son texte dans un tiroir, pour le jour où il se sentirait capable de le terminer.
Comme il en commençait un autre, il perdait tout intérêt pour le précédent. Petit à petit, les personnages qu’il avait créés, le monde qu’il avait imaginé, tout cela mourait en lui pour laisser place à d’autres. Qui mourraient à leur tout lorsqu’il n’oserait plus y toucher. Par peur de les abîmer, il les laissait finalement dépérir.
Depuis un quart d’heure, le curseur du traitement de texte clignotait en haut d’une page blanche. Depuis un quart d’heure, l’horloge à l’écran égrenait les secondes. 3:05:12 AM. Cette fois, il voulait écrire un texte qui ne le lasserait pas, un texte auquel il vouerait un tel intérêt qu’à chaque seconde, il écrirait pour la simple curiosité d’en connaître la suite, et cette curiosité serait plus forte que sa peur de continuer.
N’écris que si les mots que tu poses sont plus beaux que la blancheur du papier vierge.
Sa devise ne lui laissait pas une grande marge de manœuvre. Il lui fallait de la beauté. Qu’est-ce qui est beau ? Écouter de la musique bercé par les vibrations de l’avion alors que les derniers rayons du soleil frappent le fuselage ? Un chêne majestueux au milieu d’un pré vide, sa silhouette sombre se découpant sur la lumière d’un ciel d’orage ?
Mais ça ne se raconte pas, il faut que ce soit vécu !
Il s’agissait plutôt de chercher une belle histoire, où surviennent des événements qui puissent toucher le lecteur. La belle histoire comporterait donc de la mort, de l’amour, de l’incroyable, du grandiose, de la démesure, de la simplicité, et toutes ces choses qui, bien agencées, peuvent créer l’étincelle qui nous consume du cœur à la gorge.
Non, justement, si cela devait être viscéral, il fallait du sexe, de la violence, de la perversion, de l’injustice, de la souffrance, du sadisme, bref, ce texte serait noir et rouge pour secouer les tripes du lecteur.
Mais quoi mettre ? Il ne pouvait convenablement écrire qu’à propos de ce qui le touchait vraiment. Quelle était la chose qui le touchait le plus ? Qu’est-ce qui était au centre de ses préoccupations ?
Il réfléchit quelques minutes, puis posa ses mains sur le clavier et commença lentement à taper :
Il fixait l’écran d’un regard vide depuis maintenant un bon quart d’heure. D’autres…
Malgré cela, il écrivait. Mais dès qu’une nouvelle commençait à prendre tournure, quand l’intrigue apparaissait et les personnages se dessinaient, il arrêtait tout. Si la suite n’était pas à la hauteur du début ? S’il venait à tout gâcher ? Alors il rangeait son texte dans un tiroir, pour le jour où il se sentirait capable de le terminer.
Comme il en commençait un autre, il perdait tout intérêt pour le précédent. Petit à petit, les personnages qu’il avait créés, le monde qu’il avait imaginé, tout cela mourait en lui pour laisser place à d’autres. Qui mourraient à leur tout lorsqu’il n’oserait plus y toucher. Par peur de les abîmer, il les laissait finalement dépérir.
Depuis un quart d’heure, le curseur du traitement de texte clignotait en haut d’une page blanche. Depuis un quart d’heure, l’horloge à l’écran égrenait les secondes. 3:05:12 AM. Cette fois, il voulait écrire un texte qui ne le lasserait pas, un texte auquel il vouerait un tel intérêt qu’à chaque seconde, il écrirait pour la simple curiosité d’en connaître la suite, et cette curiosité serait plus forte que sa peur de continuer.
N’écris que si les mots que tu poses sont plus beaux que la blancheur du papier vierge.
Sa devise ne lui laissait pas une grande marge de manœuvre. Il lui fallait de la beauté. Qu’est-ce qui est beau ? Écouter de la musique bercé par les vibrations de l’avion alors que les derniers rayons du soleil frappent le fuselage ? Un chêne majestueux au milieu d’un pré vide, sa silhouette sombre se découpant sur la lumière d’un ciel d’orage ?
Mais ça ne se raconte pas, il faut que ce soit vécu !
Il s’agissait plutôt de chercher une belle histoire, où surviennent des événements qui puissent toucher le lecteur. La belle histoire comporterait donc de la mort, de l’amour, de l’incroyable, du grandiose, de la démesure, de la simplicité, et toutes ces choses qui, bien agencées, peuvent créer l’étincelle qui nous consume du cœur à la gorge.
Non, justement, si cela devait être viscéral, il fallait du sexe, de la violence, de la perversion, de l’injustice, de la souffrance, du sadisme, bref, ce texte serait noir et rouge pour secouer les tripes du lecteur.
Mais quoi mettre ? Il ne pouvait convenablement écrire qu’à propos de ce qui le touchait vraiment. Quelle était la chose qui le touchait le plus ? Qu’est-ce qui était au centre de ses préoccupations ?
Il réfléchit quelques minutes, puis posa ses mains sur le clavier et commença lentement à taper :
Il fixait l’écran d’un regard vide depuis maintenant un bon quart d’heure. D’autres…
le Samedi 23 Octobre 2004, 09:00.
Commentaires :
Ookami
23-10-04
à 09:03
Encore un texte que j'ai exhumé de mes archives, en attendant d'avoir des choses plus fraîches à vous livrer ;)
Répondre à ce commentaire
Re: Hummmm
J'ai fini mon histoire à 2H20 ...Sinon, je ne laisse rien dans les tiroirs.
briget qui te souhaite la bienvenue.
ça fait comme un emboitement d'histoire, j'aime bien...
au fond, c'est dur de finir un texte, le commencer, c'est facile, mais après, on ne sait pas....
au fond, c'est dur de finir un texte, le commencer, c'est facile, mais après, on ne sait pas....
Pris de court...
Très belle leçon! Je pourrais dire que j'avais une idée similaire dans la tête (pas aussi bien tournée, ni avec ton expérience) ; la voici maintenant avortée. Merci pour ce texte que j'aime beaucoup.
(J'essaiyerai de profiter de tes conseils stylistiques ; n'hésite pas à m'en prodiguer de plus personnels si le coeur t'en dis...).
Re: Pris de court...
Merci. ^^
Et désolé de t'avoir pris de court... Déjà que j'avorte mes textes, si je me mets en plus à le faire avec ceux des autres... Mon expérience n'est pas forcément recommandable : des dizaines de textes commencés pour si peu d'achevés.
J'ai un jour lu le conseil d'un écrivain : commencer par écrire son texte en entier sans se soucier des lourdeurs et autres questions de style, puis seulement après coup, affiner le tout, relecture après relecture. C'est peut-être ce que je devrais faire, ça m'aiderait à conserver suffisamment d'élan pour atteindre la fin de mes textes sans trébucher en cours de route.
Un autre conseil qui me semble essentiel : utiliser des mots simples (sauf dans le discours d'un personnage, où il faut utiliser les mots du personnage, qui peuvent être simples ou pas). À la relecture, supprimer tout mot inutile. Colette l'a dit : « Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. »
D'ailleurs, il y a bien plus de façons d'exprimer une idée complexe avec des mots simples qu'avec des mots compliqués ; donc plus de liberté. Mais aussi un choix peut-être plus embarrassant.
Pour communiquer en privé, je suis en train de me créer un compte e-mail dont je pourrai diffuser l'adresse sur ce joueb.
Et désolé de t'avoir pris de court... Déjà que j'avorte mes textes, si je me mets en plus à le faire avec ceux des autres... Mon expérience n'est pas forcément recommandable : des dizaines de textes commencés pour si peu d'achevés.
J'ai un jour lu le conseil d'un écrivain : commencer par écrire son texte en entier sans se soucier des lourdeurs et autres questions de style, puis seulement après coup, affiner le tout, relecture après relecture. C'est peut-être ce que je devrais faire, ça m'aiderait à conserver suffisamment d'élan pour atteindre la fin de mes textes sans trébucher en cours de route.
Un autre conseil qui me semble essentiel : utiliser des mots simples (sauf dans le discours d'un personnage, où il faut utiliser les mots du personnage, qui peuvent être simples ou pas). À la relecture, supprimer tout mot inutile. Colette l'a dit : « Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. »
D'ailleurs, il y a bien plus de façons d'exprimer une idée complexe avec des mots simples qu'avec des mots compliqués ; donc plus de liberté. Mais aussi un choix peut-être plus embarrassant.
Pour communiquer en privé, je suis en train de me créer un compte e-mail dont je pourrai diffuser l'adresse sur ce joueb.
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