Il y a deux jours, un rêve m'a marqué.

Je passe les détails, pour n'en résumer que la fin.
J'ai un point de vue extérieur sur la voiture que je conduis, comme une caméra qui me suivrait, mais je sais que la personne qui se voit conduire et la personne qui conduit sont la même : c'est moi. Je vois l'accident, une collision frontale. Je vois ma voiture de côté, immobilisée. Ma portière a été arrachée ; je me vois en entier. Je repose sur le volant, mon visage et mon corps dégoulinant de sang. Mes parents sont à l'arrière, ils ne semblent pas blessés, juste sonnés.

Je sais que je suis soit déjà mort, soit entre la vie et la mort. J'ai l'impression d'être un regard orphelin sur son propre corps en fin de vie, comme si cette image qui me reste de moi allait être la dernière et s'éteindre bientôt. L'impression que quelque chose d'extrêmement frustrant, idiot et irréversible vient de se passer. Une impuissance totale, l'envie de répéter mille fois le mot merde. Et ce corps, le mien, meurtri, qui se vide de son sang. Je ne suis qu'un regard, je ne peux rien faire.

Je ne me réveille pas paniqué, je ne sors pas d'un cauchemar, mais je suis soulagé d'être bien vivant, et impressionné par ce que je viens de voir.


J'avais déjà fait, il y a quelques années, un rêve où je vivais ma propre mort. On m'avait mis un pistolet sur la tempe, et juste avant le coup de feu, j'avais eu un sentiment de résignation totale. J'avais tristement abandonné tout espoir. Le coup de feu fut rapidement douloureux, puis tout vira au noir. Je me réveillai juste après, ressentant toujours une douleur sourde dans la tempe qui subsista quelques minutes, et un peu choqué par l'expérience.


Les deux rêves étaient donc très différents. Dans l'un, la résignation et la tristesse, dans l'autre, la frustration et la peur de la mort.


Conclusion ? Rien. Pas de conclusion. Ce ne sont que des rêves. Qui montrent quand même, mais j'en étais déjà convaincu, que se retrouver face à la mort n'a rien d'excitant. Dans un sens, comme un rêve est une expérience inoffensive, je suis quand même content d'avoir fait ces rêves.